Un Chesterton américain – Joyce Kilmer (1886-1918)

Par Dale Ahlquist. Traduit et publié ici avec son aimable autorisation.

Joyce Kilmer
Traduction trouvée sur le blog https://eloge-de-l-arbre.over-blog.com/

C’EST L’UN DES POÈMES AMÉRICAINS LES PLUS CONNUS, les plus cités, les plus parodiés, rien que pour ses vers d’ouverture et de clôture.

Mais la plupart des gens ne connaissent même pas le nom du poète. Parmi ceux qui le connaissent, la plupart ne savent rien de Joyce Kilmer. Ce qui surprend la plupart des gens, c’est qu’il n’était tout d’abord pas une femme. Non seulement c’était un homme, mais c’était aussi un soldat, mort héroïquement pendant la Première Guerre mondiale à l’âge de 31 ans seulement. Il était également converti au catholicisme. Et un grand fan de G.K. Chesterton, auquel il a souvent été comparé.

Comme Chesterton, Kilmer était un journaliste reconnu et un conférencier populaire. Il était déjà connu de son vivant pour sa poésie, mais sa mort tragique l’a propulsé vers une grande notoriété. Pensez à James Dean.

Robert Cortes Holliday édita un livre de poèmes, d’essais et de lettres de Joyce Kilmer. L’ouvrage fut épuisé avant même son tirage initial et fit l’objet d’un troisième tirage moins d’un mois après sa publication.

Cela conduisit à la publication d’un deuxième volume d’essais de Kilmer, dont l’un portait sur la poésie de Chesterton. Kilmer affirme que GKC « est le chevalier empanaché de la littérature, avec l’épée de l’esprit et le bouclier bruni de la foi ».

Et il explique la technique de « l’anglais inversé » utilisée par Chesterton :

Ce serait la simple prose de notre vie quotidienne si les oiseaux volaient près du toit de la tente, et si les hommes et les femmes faisaient sonner les cloches et s’asseyaient dans des fauteuils à bascule. C’est la poésie du cirque que les hommes et les femmes volent près du toit du chapiteau, et que les oiseaux sonnent les cloches et s’assoient sur des chaises à bascule . . C’est par la foi que les murs de Jéricho se sont écroulés. C’est par la foi que les Huit Équilibristes Aériens Algériens restèrent debout.

Holliday affirme que la « glorification (presque la déification) des choses quotidiennes par Kilmer, son obstination militante à combattre l’acceptation ennuyeuse des idées courantes, sa dextérité à donner vie à une chose en la mettant sur la tête, tout cela est chestertonien ». Il ne se contente pas d’imiter ou de parodier Chesterton, mais ses « pages enlevées portent en elles la tendre fraîcheur du fruit naturel ». Les trois mots qui reviennent le plus souvent dans ses essais sont : foi, joie et démocratie, ce qui amène Holliday à affirmer que Kilmer est « plus chestertonien que M. Chesterton lui-même ».

Gilbert et Frances Chesterton rendirent visite à la veuve de Kilmer à New York en 1921. Aline Kilmer était une poétesse talentueuse, et il convient de se souvenir de l’un de ses poèmes charmants et poignants :

Choses
Par Aline Kilmer

Parfois, quand je prends le thé avec toi
Je retiens mon souffle
À une pensée qui est aussi ancienne que le monde est ancien
Et plus amère que la mort.

C’est que la cuillère que tu viens de poser
Et la tasse que tu tiens
Peut être là, brillante et insolente
Quand tu seras immobile et froid.

Ton billet négligé que j’ai mis de côté
Peut sauter à mes yeux comme une flamme
Quand le monde aura presque oublié ta voix
Ou le son de ton nom.

La Vierge dorée que Vinci dessina
Peut sourire au-dessus de ma tête
Et les jonquilles hochent la tête dans le vase d’argent
Quand tu seras mort.

Que la mite et la poussière corrompent et que les voleurs
S’infiltrent et je serai heureuse
A cause de la haine que je porte aux choses
Au lieu de l’amour que je leur portais.

Car la vie ne semble être qu’un souffle tremblant
Un cri de désespoir étouffé,
Et les choses ont une terrible permanence
Quand les gens meurent.

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